Vous avez un projet d’enfant mais vous vous questionnez par rapport à votre problème de santé mentale. Cette fiche vous aide à comprendre l’intérêt d’en parler à des professionnels tels que votre psychiatre, votre médecin, votre gynécologue car :
- La maternité est une source de bouleversements psychologiques importants tant pour la future mère, le coparent et la famille.
- La grossesse et le post-partum entraînent des modifications profondes du fonctionnement de la physiologie du corps maternel, et tout particulièrement du cerveau. L’objectif de ces changements est de permettre les adaptations nécessaires à la présence du fœtus, puis du nouveau-né. Ces modifications du cerveau le rendent plus sensible aux signaux, notamment émotionnels.
- Pour beaucoup de futurs parents, la parentalité vient donner un sens à leur vie mais entraîne également des modifications des rythmes de vie et des investissements affectifs, parfois difficiles à accepter.
- Enfin devenir parent c’est devenir responsable d’autrui.
Pour ces raisons, la maternité représente une période pouvant déstabiliser une pathologie psychiatrique connue et suivie. Elle peut toutefois permettre d’envisager une nouvelle approche de vos soins.
Avant de débuter une grossesse
Il est important de pouvoir être bien stabilisée au niveau de votre pathologie psychiatrique, tant au niveau de vos symptômes que de votre traitement. Quelles sont alors les interrogations fréquentes ?
Nous vous recommandons donc d’informer votre psychiatre de votre projet de grossesse. Lui seul peut vous conseiller sur la possibilité de poursuite de votre traitement ou sur la modification de ce dernier s’il se révèle incompatible avec la grossesse. Il demandera parfois une consultation spécialisée préconceptionnelle en psychiatrie périnatale afin d’adapter le traitement et de permettre les meilleures options possibles en toute sécurité pour vous et le bébé. Si des modifications sont nécessaires, un délai de 6 mois est requis avant d’envisager une grossesse, pour s’assurer de son efficacité Pensez à anticiper le plus possible votre projet de grossesse !
Pourquoi une consultation préconceptionnelle ?
Les consultations préconceptionnelles sont dédiées aux futurs parents présentant un problème de santé mentale ou ayant des antécédents de trouble psychiatrique ayant nécessité un traitement. Cette consultation peut être demandée par votre médecin référent, votre psychiatre, votre obstétricien ou votre sage-femme et vous permet de :
- Bénéficier du traitement psychotrope le plus approprié compatible avec la grossesse et l’allaitement
- Choisir le moment le plus opportun pour débuter votre grossesse.
- Connaître l’ensemble des dispositifs de prévention (PMI, TISF) qui existent à proximité de votre domicile pour les soins de votre enfant, l’accompagnement par les puéricultrices et l’aide à domicile qui peut être mise en place à la naissance et dans les premiers mois de l’enfant.
- Être accompagné dans votre démarche de soin et accéder aux services appropriés le cas échéant. Des dispositifs de soins variés, et d’intensité graduée existent pour répondre à vos besoins; il peut s’agir de consultation spécialisée en psychiatrie périnatale, de groupes de parole, de prise en charge plus contenantes plusieurs fois par semaine dans la journée pour les parents et leur bébé, voire dans certains cas, d’hospitalisation parents enfant dans des structures spécifiques que l’on appelle les unités d’hospitalisation parents-enfant, pour faciliter la rencontre avec l’enfant, et l’établissement des premiers liens.
- Être orienté sur une maternité ayant l’habitude des troubles psychiques
L’objectif est de préparer dans les meilleures conditions possibles l’arrivée de votre bébé, en tenant compte de vos besoins.
Dois-je prévenir la maternité de mon problème de santé mentale ?
Il est recommandé de prévenir l’ensemble des intervenants qui vont prendre en charge votre grossesse de vos antécédents psychiatriques, de votre pathologie en cours et des traitements pris afin de leur permettre de vous apporter les soins et l’accompagnement ajustés à vos besoins, comme par exemple un séjour prolongé en suites de couches, un rendez-vous auprès du psychiatre/du psychologue de la maternité, et du pédiatre qui va accueillir votre enfant. La consultation préconceptionnelle peut vous aider à faire le lien entre ces différents intervenants, avec votre accord.
Dois-je absolument prendre un traitement médicamenteux pendant ma grossesse et en postpartum?
La prescription de psychotropes en période périnatale répond à des règles strictes d’indication et de suivi et doit permettre une continuité des soins du pré au post-natal en prenant en considération l’allaitement. L’avis d’un spécialiste (consultation préconceptionnelle, psychiatre de périnatalité, service de pharmacovigilance) est nécessaire avant toute modification ou arrêt. Très peu de traitements ne sont pas compatibles avec la grossesse. Il s’agit essentiellement des régulateurs de l’humeur comme le depakote, ou la depakine et la carbamazepine en raison du risque de malformations foetales. Le lithium (teralithe°) est déconseillé pendant les trois petits mois de la grossesse mais peut être réintroduit au second trimestre.
Tous les autres traitements (antidépresseurs, antipsychotiques, anxiolytiques) sont compatibles pendant toute la durée de la grossesse. Leur dose sera adaptée au cours de la grossesse et du post partum et dans certains cas augmentée en fin de grossesse pour être diminuée en postpartum. Certains nécessitent un dosage de leur concentration afin d’adapter au mieux la posologie.
En tenant compte de ces précautions, le risque pour la mère et l’enfant est mesuré et contrôlé.
Les manifestations néonatales sont liées aux syndromes d’imprégnation ou/et à l’arrêt de l’exposition aux médicaments psychotropes (symptômes de manque). Elles sont variables en nature, en intensité et en fréquence selon le type de molécule, la posologie maternelle, l’association à d’autres molécules, la durée du traitement au cours du 3e trimestre de la grossesse d’où l’importance du soin apporté à l’accueil du nouveau-né dans la maternité et de la consultation avec le pédiatre de la maternité en anténatal.
Après la naissance
Dans la mesure du possible, un séjour plus long est proposé à la maternité après l’accouchement. Au cours des jours qui suivent la naissance, le nouveau-né bénéficie d’une surveillance appropriée (symptômes d’imprégnation ou de sevrage des médicaments pris par la mère). La stabilité psychique maternelle est évaluée avec une équipe de psychiatrie spécialisée avec une attention particulière sur la qualité des intéractions entre la mère et son bébé. Le traitement de la mère est reconduit et adapté surtout s’il a été modifié en cours de grossesse.
Puis-je allaiter avec un traitement ?
Certaines femmes font le choix de l’allaitement maternel. Celui-ci ne doit pas être une injonction. Un accompagnement individualisé doit permettre de respecter les souhaits de chacune. Il est primordial de respecter votre rythme de sommeil, votre nécessité de repos, la possibilité d’avoir un relais précieux auprès de votre conjoint ou de votre entourage notamment la nuit. Certains traitements ne sont pas compatibles avec l’allaitement car ils sont retrouvés dans le lait maternel et peuvent avoir des effets sur votre enfant, d’où l’importance d’en parler avec votre médecin. Là encore il faut peser les risques de la molécule sur l’enfant par rapport aux bénéfices. La consultation pré-conceptionnelle est là pour répondre à ces questions. Mieux vaut un biberon donné et donné avec plaisir plutôt qu’un allaitement subi qui se passe mal.
La consultation préconceptionnelle : à quoi sert-elle ?
- Une aide à la réflexion autour du projet d’enfant.
- Une aide à l’élaboration d’un parcours de soins coordonné pour que la grossesse et le post-partum se déroulent dans les meilleures conditions.
- Une information sur les traitements médicamenteux pendant la grossesse et le postpartum.
- La réflexion autour de l’allaitement