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Pauline Chaffard, Françoise Rulfi

Outils et pratiques de prévention

Comme la santé mentale générale, la santé mentale en période périnatale dépend de différents facteurs : des facteurs biologiques, psychologiques, des facteurs liés aux parcours de vie, à l’entourage familial et au cercle social, à la situation économique mais également à l’environnement des soins et social mis à votre disposition. Afin de se préparer à vivre au mieux votre grossesse et anticiper l’arrivée du bébé il est nécessaire d’explorer ces différentes dimensions

1 Comprendre la prévention

Les parents peuvent se retrouver démunis quand la difficulté survient car il est difficile de comprendre et mettre des mots sur quelque chose dont on n’a pas connaissance auparavant car les informations sur la santé mentale périnatale restent encore peu répandues.

On « félicite » les nouveaux ou futurs parents, on leur conseille de « profiter », on leur promet que ce n’est « que du bonheur »… Quand l’épanouissement prévu n’est pas au rdv, quand la réalité ne correspond pas à l’expérience imaginée, la culpabilité de se sentir anormal·e s’ajoute souvent à la difficulté initiale, et l’amplifie. Pendant la grossesse et la première année de l’enfant, la santé mentale des parents peut être fragilisée. S’informer sur la difficulté maternelle et paternelle en amont aide à repérer ses besoins et anticiper l’organisation autour de l’accueil du bébé. Mais également pouvoir repérer les difficultés quand elles surviennent.

témoignage : une psychiatre s’ouvre sur sa depression post-partum

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Savoir ne protège pas, mais ignorer fragilise.

Marinette Ardouin

bénévole de l’association Maman Blues

Les professionnels de santé et du champ médico-social intervenant pendant la grossesse et le post-partum se doivent d’être à l’écoute. Ils et elles sont en première ligne pour informer les futurs parents et parents et les accompagner en cas de difficultés. Ils et elles doivent être formé·es à la dimension psychique de la parentalité et aux problématiques de santé mentale périnatale.

lien : le mooc Santé mentale périnatale au cours des 1000 premiers jours

La prévention doit permettre d’être informé·e sur :

  • Le processus de transformation psychique du devenir parent
  • Les troubles psychiques possibles
  • Les moments-clés comme le déroulement de l’accouchement, la mise en place de l’allaitement, le retour à la maison
  • Le sommeil du bébé
  • Les interlocuteur·ices et les ressources existantes dans le parcours périnatal
  • Les dispositifs de dépistage/repérage des troubles psychiques
  • Ses propres capacités et limites
  • L’importance du bien-être des parents, autant que celui de l’enfant
Principaux facteurs de risque
  • Isolement ou sentiment d’isolement
  • Troubles psychiques ou psychiatriques pré-existants ou antécédents (soi-même ou dans la famille)
  • Antécédents de dépression périnatale (soi-même, sa mère, sa grand-mère)
  • Difficultés de couple ou violences conjugales
  • Grossesse non planifiée
  • Grossesse précoce ou tardive
  • Grossesse vécue comme difficile physiquement et émotionnellement, médicalisée à cause de pathologies de la grossesse ou autres
  • Événement stressant pendant la grossesse (deuil, déménagement, changement de travail…)
  • Accouchement vécu comme difficile ou traumatique
  • Parcours PMA
  • Précarité sociale et économique
  • Parcours migratoire

Note : En dehors de ces facteurs de risques identifiés, les troubles psychiques peuvent concerner tout un chacun

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« J'ai toujours désiré avoir une fille et pourtant lorsque je suis devenue maman, j'ai regretté pendant des mois d'avoir eu ce bébé. Rien durant cette grossesse ne m'avait préparée ni même avertie qu'une telle tempête allait me ravager. »

Betty Blue

Signes précurseurs [renvois au lexique pour chaque point]

  • Baby blues qui s’installe (au-delà de 3 semaines, ce n’est plus un baby blues)
  • Pleurs fréquents
  • Troubles du sommeil (dormir beaucoup, ou à l’inverse, insomnies)
  • Fatigue vécue comme excessive ou insupportable
  • Difficultés d’allaitement, allaitement mal vécu
  • Troubles alimentaires (perte d’appétit, ou à l’inverse, boulimie)
  • Angoisses
  • Sentiment d’être dépassé·e par la situation, perception du soutien (de la part du co-parent et de l’entourage) comme faible ou inadéquat
  • Sentiment d’isolement
  • Sentiment de décalage entre l’imaginaire et la réalité
  • Création du lien parent-enfant difficile (ex. ne pas prendre plaisir à s’occuper du bébé, ne pas ressentir d’amour)
  • Sentiment de rejet vis-à-vis du bébé, voire de regret (d’avoir eu un enfant, ou de sa vie passée)
  • Phobies d’impulsion (peur de faire mal au bébé)
  • Peur des comportements du bébé et sentiment de ne pas pouvoir répondre à ses besoins
  • Sentiment d’agir de façon mécanique dans les soins
  • Hypervigilance vis-à-vis du bébé
  • Sentiment d’incompétence maternelle/paternelle, dévalorisation face aux autres parents
  • Sentiment de culpabilité, de honte par rapport à tous ces signes
  • Syndrome de stress post-traumatique, revivre son accouchement (cauchemars, pensées récurrentes et envahissantes)

2 Outils de dépistage et d’évolution

Prendre des temps d’autoévaluation régulières de ses émotions, de son sommeil de son appétit et de son degré de fatigue. Inclure le co-parent dans la réflexion ou quelqu’un de son entourage.

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« Tous les samedis matin devant un bon petit-déjeuner nous prenons le temps de nous dire comment nous nous sentons au niveau de la fatigue et de notre ressenti face à notre nouvelle vie avec bébé. Selon le besoin de chacun nous organisons notre week-end pour en profiter pour se ressourcer et faire appel si besoin à notre entourage. Mais aussi nous réorganiser, comme les tâches ménagères pour aborder la prochaine semaine.»

Ces questions peuvent déjà vous permettre de réfléchir sur votre état émotionnel :

  • « Je me sens fréquemment et anormalement épuisé·e ou découragé·e ? Est-ce qu’il m’arrive fréquemment de tomber en pleurs ? »
  • « Je me sens fréquemment triste ? J’ai autant de plaisir avec les activités que j’appréciais auparavant ? »

La principale échelle d’autoévaluation validée est l’Edimburgh depression scale (EPDS) que vous pouvez réaliser en 5 à 10 minutes. Celle-ci est disponible sur le site de Maman Blues

Il existe aussi la Beck Depression Inventory et le Center for Epidemiological Studies-Depression Scale.

Les antécédents de troubles de la santé mentale ou psychiatriques sont des facteurs de risque majeurs. Si vous avez souffert ou souffrez de dépression, de syndrome anxieux, de troubles alimentaires, de BurnOut, ou avez déjà fait une dépression post-partum il est important de mettre en place un suivi personnalisé comme si vous aviez par exemple un diabète gestationnel.

Si vous présentez d’une maladie psychiatrique et vous avez un projet de grossesse, il est important d’en parler à votre psychiatre afin d’anticiper l’organisation du suivi et l’adaptation du traitement médicamenteux au projet.

Présentation des outils de dépistage

  • L’Entretien pré conceptionnel – EPC
  • L’Entretien prénatal précoce – EPN
  • L’Entretien post-partum ou postnatal précoce- EPP
  • Les cours de préparation la naissance

L’EPDS
Ce questionnaire est destiné aux personnes ayant eu un bébé dans l’année écoulée ou aux femmes enceintes. Il a été conçu pour détecter rapidement si vous présentez une dépression post-partum ou pendant votre grossesse. Il s’agit de décrire comment vous vous êtes sentie durant la semaine, c’est-à-dire sur les 7 jours qui viennent de s’écouler. Vous devez répondre aux questions seule de façon spontanée. Un score est calculé et permet d’évaluer votre risque de dépression post-partum. Il ne permet pas de poser un diagnostic, seul un médecin pourra le faire, mais il détecte et quantifie certains symptômes dépressifs et renseigne sur la probabilité de la maladie. S’il est négatif une première fois il est préconisé de le faire à nouveau après deux semaines, surtout si vous avez des facteurs de risque. Dans certains pays comme au Royaume-Uni il est proposé de façon systématique pendant la grossesse et après la naissance et pourrait permettre de faire diminuer la prévalence de dépressions post-partum.

3 Stratégie de prévention quotidienne

Vous êtes un futur parent, un parent et vous vous sentez fragile ? Vous vous préoccupez pour votre partenaire ou un·e proche ? Vous êtes un·e professionnel·le de santé et cherchez des ressources pour accompagner un·e patient·e ? Il y a de nombreux moyens pour « préparer le terrain » avant la naissance du bébé, et mettre en place des habitudes saines quand il est déjà là.

Posture pour aborder la parentalité (à rebours de l’instinct maternel !)

Devenir parent, c’est un processus. Trouver ses marques dans cette nouvelle vie peut prendre du temps. Avoir cette donnée en tête peut aider à aborder les difficultés, qui sont normales. Tous les ressentis et pensées sont légitimes car non, il n’y aura pas « que du bonheur » ! Si vous ressentez plus de souffrance que de plaisir, ne restez pas seul·e.

Conseils sur les habitudes de vie et routines aidant à prévenir la dépression périnatale

Une grossesse, une naissance, c’est un chamboulement qui peut se faire en douceur ou se transformer en épreuve douloureuse. Pour accompagner cette période, il est bon de trouver les moyens pour se ressourcer et se préserver. La santé mentale est aussi importante que la santé physique !

Une alimentation de qualité et l’exercice physique pendant la grossesse et après la naissance favorisent la santé mentale.

Habitudes pour une bonne santé mentale au quotidien :

  • Mettre en place ou maintenir de bonnes habitudes alimentaires
  • Identifier ses propres besoins essentiels
  • Pratiquer des activités de détente, relaxation, méditation
  • Faire du sport, de l’activité physique
  • Renoncer à certaines activités pour se prémunir du risque d’épuisement
  • Bien s’entourer [renvoi à L’importance du soutien social]
  • Être vigilant·e quand les émotions ressenties sont douloureuses régulièrement et identifier les personnes à qui on oserait en parler (entourage, professionnels)
  • Fixer un temps régulier (par exemple tous les samedis matins) pour se demander « Comment je vais ? De quoi ai-je besoin ? » Demander à son-sa partenaire : « Comment vas-tu ? De quoi as-tu besoin ? ». Ré-évaluer régulièrement.

[Liens vers vidéos alimentation et exercice physique pendant la grossesse + cours de yoga prénatal, aquagym pendant la grossesse…] liens à préciser

Il est certain que l’on manque généralement de temps « pour soi » avec l’arrivée d’un bébé. Fixez-vous des objectifs atteignables, revoyez-les au besoin (par exemple, 5 minutes de méditation par jour, plutôt qu’une demi-heure).

Le sommeil, essentiel dans l’équilibre physique et psychique
La fatigue est quasiment inéluctable dans la période périnatale. Elle peut impacter tous les aspects de la vie quotidienne, à différents degrés. Elle peut devenir facteur de risque de dépression, ou en être un des symptômes. Prendre (et garder!) autant que faire se peut de bonnes habitudes de sommeil est essentiel. Concrètement cela peut se traduire par : renoncer pendant un temps au film du soir ; faire la sieste en même temps que son bébé, plutôt que le ménage…

Mais pendant l’allaitement maternel le sommeil se modifie, s’adapte aux rythmes du bébé, appuyé par les hormones. La mère plonge plus rapidement dans le sommeil réparateur et même si elle dort moins, elle récupère plus vite.

Considérer que la santé mentale est aussi importante que la santé physique. Oser en parler quand ça ne va pas et faire appel à un professionnel ou à d’autres femmes qui ont vécu les mêmes difficultés comme au sein de l’association Maman Blues

Un enfant qui naît, c’est une nouvelle gestion du temps à trouver. Ces rythmes différents (rythme du bébé, rythme du corps de la femme en post-partum, rythme de la vie du couple et de la famille) imposent des aménagements parfois importants.

Pistes pour accompagner ce nouveau rythme :

  • Lister les activités de chacun·e (professionnelles, associatives, etc.) et revoir ses priorités
  • Dresser une liste des tâches domestiques et discuter de leur répartition [reprendre et adapter le doc d’Ingrid Bayot ?]
  • Repenser les priorités (par exemple, le ménage peut-il être moins fréquent pendant quelques semaines ?)
  • Faire du sport, de l’activité physique
  • Faire intervenir une femme de ménage peut être une idée de cadeau de naissance !
  • Répartir la charge mentale, entre autres en ce qui concerne les soins au bébé (rdv pédiatre, achat couches…). C’est difficile dans le cas d’un premier enfant, mais s’informer et en parler permet de préparer le terrain.
  • Discuter avec d’autres parents sur leur expérience à ce sujet.
  • Faire appel à une TISF

4 L’importance du soutien social

L’arrivée d’un enfant dans un foyer est une source potentielle de déstabilisation. C’est une période de la vie particulière qui nécessite des soutiens. Si vous êtes futur parent ou parent vous pouvez faire « l’état des lieux » de votre entourage, et au besoin chercher des soutiens extérieurs. Si vous êtes un proche, vous pouvez réfléchir et échanger sur votre rôle et vos possibilités de soutien de la nouvelle famille.

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« Tisser sa tribu postnatale : se créer un filet de sécurité communautaire autodéterminé et sur mesure. »

I. Bayot

Le quatrième trimestre de la grossesse, 2020, érès 1001BB

Rôle du soutien social et familial dans la prévention

Les besoins de soutien sont variés et ils évoluent au fil des jours, des semaines, des mois. Nous parlons ici autant du soutien matériel, que moral et affectif. Un tissu relationnel source de soutien peut réduire le risque de troubles psychiques. Une des dimensions principales est le sentiment de se sentir soutenue par le co-parent et le sentiment que la grossesse est accueillie par l’entourage et que celui-ci est disponible en cas de besoin.

Anticiper et construire son réseau de soutien Un bon point de départ consiste à dresser la liste des personnes qui peuvent vous soutenir en post-partum. Prenez le temps d’en discuter avec eux pendant la grossesse. Exprimez des exemples concrets d’aides possibles : Préparer un repas, faire les courses, promener bébé quand les parents font une sieste… Une idée pour les proches : distribuer un chèque-cadeau qui nomme la tâche [Ref I.Bayot, matriel pédagogique].

L’être humain est un être social qui a besoin des autres… D’autant plus pendant la période cruciale de la grossesse et du post-partum. Il faut déculpabiliser les parents de demander du soutien et de l’aide !

Parler, parler, parler ! Si vous avez d’autres parents dans votre entourage, échangez autour de leurs expériences. Loin d’être anormale, la dépression périnatale est très fréquente. Rompre le tabou contribue à réduire le risque. Parlez de vos questionnements, doutes, ambivalences. Si ça n’est pas possible avec votre entourage proche, pensez aux associations, aux professionnels, aux lieux d’échange, lignes d’écoute…

Conseils pour renforcer son réseau de soutien

1. Identifiez les personnes ressources de votre entourage.

Co-parent, membre de la famille, ami·e, voisin·e, collègue de travail… Trouvez les interlocuteur·ices en qui vous aurez confiance.

2. Parlez régulièrement.

Partager régulièrement ce que vous vivez est un moyen de relâcher la tension sans attendre que les difficultés s’installent

3. Comptez sur toutes les formes de soutien.

En direct ou à distance, le soutien se tisse à partir de plusieurs sources. Cela va d’échanger quelques mots avec un·e voisin·e, à confier ses angoisses à un·e ami·e intime.

4. Prenez connaissance des ressources existantes.

Listez les ressources de soutien, locales ou à distance : lieux de rencontres, associations de soutien, groupes de parents, lignes d’écoute, réseaux sociaux…

5. Fixer vos limites avec les personnes de votre entourage que vous jugez non-soutenantes

Le co-parent peut parfois être un soutien dans cette démarche. Attention, en cas de violences conjugales ou intrafamiliales, il est urgent de ne pas rester seul.e (par exemple, en parler à un proche, appeler le 3919 ou le 17) et de mettre en place des mesures pour vous protéger vous et votre enfant

Se poser la question : Comment je me sens après avoir échangé avec cette personne ? Parfois l’entourage proche n’est pas soutenant, dans ce cas il est important de trouver des soutiens extérieurs.

Idées de ressources – soutien

  • Renseignez-vous si à côté de chez vous il existe un groupe de parole de femmes enceintes ou de parents.
  • Les cours de Préparation à la naissance organisés par la sage-femme libérale ou la maternité où vous avez choisi d’accoucher peuvent vous permettre de recevoir les informations dont vous avez besoin pour vous sentir confiante mais également faire des rencontres.
  • Différents espaces d’échanges et d’écoute existent : ces espaces de dialogue permettent aux futurs parents de réfléchir à ce dont ils ont réellement besoin dans la spécificité de leur histoire et de leur situation. Le la professionnel·le vous accompagne dans l’identification et l’expression de vos besoins, de vos inquiétudes et vous informe des ressources disponibles afin d’anticiper le retour à domicile.
  • Si vous avez des vulnérabilités, un suivi personnalisé régulier avec une sage-femme libérale à domicile et/ou un échange téléphonique assuré par des associations de femmes non professionnelles (Maman Blues) ont montré leur efficacité concernant la prévention des difficultés émotionnelles en période périnatale et la dépression post-partum.

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