La dépression périnatale

Illustration Julie Bellarosa ™

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Le rétablissement, un chemin personnel

Le rétablissement, un chemin personnel

Marie Pierre Guilleux, Marianne Sagnier
#Rétablissement

Le rétablissement : un processus personnalisé

À toi qui lis ces quelques lignes, j’aimerais te dire que j’ai été à ta place et que je m’en suis sortie.

Aujourd’hui cela peut te sembler inconcevable, pourtant la lumière existe bel et bien au bout de cet insupportable chemin. 

“La dépression du post-partum” : c’est le terme que les professionnels utilisent pour qualifier ce que tu vis. C’est à la fois rassurant et terrifiant. Rassurant parce que cela veut dire que tu n’es pas responsable de ton état. Tu peux souffler et tenter de ne plus culpabiliser de te sentir comme tu te sens actuellement. Terrifiant parce qu’on peut vite se demander s’il est possible de s’en sortir. La réponse ? Oui.

Mais alors, comment s’extirper de cet état qui semble avoir la mainmise sur tout notre être ?

La vérité est qu’il n’existe pas de recette miracle, pas de solution unique.

Le rétablissement est un processus en constante évolution, lié à ta propre expérience.

Comprendre la nature personnelle du rétablissement

Le rétablissement est un processus qu’il est généralement possible de découper en 5 étapes. 

Il y a d’abord cette phase où l’on se répète en boucle “pourquoi moi”. Cette période est noire, emplie de tristesse et voire même de désespoir.

Puis vient la prise de conscience. Celle qui fait que tu te retrouves à lire ces quelques lignes aujourd’hui. Ce besoin de se dire qu’il est possible de s’en sortir.

Les professionnels de santé peuvent t’aider à comprendre quels mécanismes et/ou éléments extérieurs t’ont précipité dans la dépression du post-partum, mais la décision d’accepter ton état afin de pouvoir entamer un rétablissement ne peut venir que de toi.

Ensuite, nous pouvons parler de préparation. Tu te prépares à aller mieux. Il faut que tu réalises quelles sont tes forces et tes faiblesses afin d’activer les bons leviers et d’installer les fondations de ton rétablissement. 

L’étape de reconstruction peut alors débuter. Tu appliques les acquis obtenus grâce au travail que tu as effectué sur toi précédemment.

Et enfin, la phase de croissance commence. Tu gères ce qui t’es arrivé, tu es maître de ton quotidien avec le sentiment d’avoir repris le contrôle sur ta vie. Cela ne signifie pas que tu es protégée d’un éventuel futur dérapage, simplement que tu es mieux armée pour affronter les bas de la vie.

Tu es résiliente.

Je me répète mais le rétablissement est un processus personnel. Il ne s’agit pas d’un chemin linéaire avec une recette magique. Tu auras parfois l’impression d’avancer très vite et puis tu te feras également surprendre par la brutalité de certains arrêts. Mais c’est cette route qui te mènera vers le rétablissement.

Tu n’es pas seule dans cette lutte. D’autres avant toi sont passées par là et s’en sont sorties. Entoure-toi de professionnels qui ont l’habitude de gérer la DPP.

Tu peux utiliser toutes les stratégies possibles pour faire face à tes émotions et les maîtriser (psychologues, psychiatres, sages-femmes, famille, amis, associations, d’autres mamans, etc).

Essaie de voir ce qui t’arrive comme une opportunité de croissance personnelle.

Tu mérites d’être heureuse et épanouie, la lumière au bout du tunnel existe, il faut y croire.

Témoignage :

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C'est à ma sage-femme que je dois mon rétablissement. C'est elle qui m'a 'diagnostiquée' et qui m'a accompagné de la meilleure des façons possibles : coordonnées d'une psy spécialisée en post partum et maintien d'un lien avec moi pour savoir comment je me sentais (je suis très isolée de ma famille et je n'ai pas vraiment d'amis). J'ai avancé à petits pas. Je me suis forcée a sortir me balader au minimum 20min quasi tous les jours + à noter systématiquement 3 choses positives qui m'arrivaient dans la journée (aussi insignifiante que la caissière qui m'a souri au supermarché). Ça m'a permis de me concentrer sur le positif et non plus sur le négatif. J'ai aussi commencé à parler à mon entourage (principalement la famille de mon conjoint et des collègues de boulot) de ce que je vivais. Au fur et à mesure et avec une grosse dose d'indulgence envers moi-même, j'ai remonté la pente. Le déclic s'est fait un matin, simplement en me regardant dans le miroir et en ayant la sensation d'être moi. Un moi différent d'avant (et oui avant il n'y avait pas ce petit bébé), mais un moi que 'j'aimais'. Ça fait maintenant 4 mois que je m'estime sortie de ma dépression du post partum. Il y a encore des bas qui m'ébranlent beaucoup mais je me sens plus résiliente et 'armée' pour y faire face. Soyons fortes les mamas, osons parler difficultés et partageons nos astuces pour se sentir mieux. Et surtout, lâchez-vous la grappe ! La maternité est un long chemin et il ne ressemble pas forcément à celui qu'on avait imaginé. Et c'est ok ! Laissez les injonctions de la société de côté, virez les fausses images des réseaux sociaux qui font culpabiliser et vivez. Vivez votre 'matrescence' à votre manière. Courage

E. Maman d'un petit garçon de 15 mois


Soutien émotionnel et psychologique

Cette dépression du post-partum qui te « tombe dessus » mettra surement moins de temps à « se faire la malle » si tu bénéficies d’un soutien émotionnel et psychologique, et surtout elle s’en ira de façon durable si tu acceptes ce soutien.

Il y a bien souvent dans nos histoires de mamans traversant une dépression périnatale des explications qui peuvent remonter à loin, très loin, voire très très loin et il est extrêmement compliqué de comprendre cela sans soutien émotionnel et psychologique. Et pourtant c’est bien en allant creuser dans ton histoire que tu pourras comprendre ce qui t’arrive, pourquoi cela t’arrive à toi et pas à ta sœur ou ta meilleure amie, et faire le nécessaire pour retrouver ou trouver une paix intérieure.

Je t’assure que cela est possible, cela peut être long et douloureux (même si ce n’est pas systématique), mais c’est tellement salvateur qu’il ne faut renoncer à aucun moment. Il est évidemment important d’être bien accompagnée et d’être prête à en découdre avec son histoire.

Les médicaments peuvent aussi être un vrai soutien émotionnel dans cette tempête de la dépression périnatale pour permettre de refaire un peu surface et entrevoir la lumière. En effet, pour certaines d’entre nous, notre esprit n’est pas libre ou disposé à aller se replonger dans notre histoire au moment où l’on devient mère et il est parfois nécessaire de temporiser avec une aide médicamenteuse jusqu’à sentir que nous sommes prêtes à entamer ce travail thérapeutique.

Bénéficier d’un soutien émotionnel et psychologique ne signifie absolument pas que tu es une mauvaise mère mais seulement que la maternité a été un « détonateur » d’un fait marquant de ton histoire personnelle qui t’empêche d’être épanouie dans ton rôle de mère. Tu es au contraire une incroyable mère d’être sur ce site en train d’essayer de comprendre ce qui t’arrive pour tenter d’aller mieux.

Le rôle des proches et de la communauté

D’autres mamans sont passés par la dépression périnatale avant toi et nombreuses sont celles qui ne demandent qu’à te soutenir et t’épauler. La seule condition à cela est que tu leur fasses part de ton mal-être, que tu libères ta parole.

Cela est important et rassurant de savoir que tu n’es pas seule à traverser cette tempête et de pouvoir bénéficier du témoignage et des conseils de mamans proches ou non qui ont connu la tempête ou, qui comme toi, sont en plein dedans.

En osant discuter avec des proches ou des paires, et notamment sur le fait de ne pas nécessairement aimer « être mère », tu pourras réaliser que cela est le cas pour nombre d’entre nous et apprendre à être douce avec toi-même. Il faut reconnaître que de passer du statut de “je n’ai que moi à penser” au statut de “j’ai un petit être à gérer qui me prend tout mon temps, toute mon énergie et que je ne comprends pas” est difficile à accepter et à supporter. Nous ne sommes pas des mauvaises mères parce que nous ne prenons pas de plaisir à changer les couches, donner à manger, faire le bain. Nous devons nous laisser le temps de devenir mère et de trouver l’équilibre nous permettant de redevenir aussi un petit peu femme. Et de laisser de la place à ce statut de femme et c’est ça qui est difficile à trouver comme équilibre. Cela peut prendre du temps mais le fait d’en prendre conscience est déjà une grande étape.

Stratégies de bien-être personnalisées

Chacune d’entre nous va trouver du réconfort de façon très différente, l’essentiel est de réussir à identifier ce qui va t’apporter du bien-être, ce qui te permet de te ressourcer le temps d’un moment.

Il n’y a pas de méthode universelle, certaines vont trouver du bien-être en allant courir, d’autres en partageant un thé ou un verre avec des amies, d’autres encore en pratiquant de la méditation ou du yoga… Et tant d’autres alternatives possibles.

Ce qui peut être très efficace aussi est de s’autoriser 1h par jour ou tous les deux jours rien que pour soi. Pour aller marcher par exemple, ou faire un peu de méditation ou autre chose que tu aimais particulièrement avant de devenir maman. Il est fort probable qu’au début tu ne réussisses pas à profiter de cette heure pour toi (voire même que tu la subisses) mais petit à petit, si tu t’y tiens, tu retrouveras du plaisir à prendre du temps juste pour toi pour une heure. Crois-tu que tu pourrais mettre cela en place si cela te parle évidemment ?

"Instinct maternel", "seules

les mères sont touchées par

la dépression post-partum":

stop aux idées reçues !

Attendre un enfant avec impatience et amour ne signifie pas que l'annonce de la grossesse sera vécue comme la meilleure chose au monde. La dépression peut impacter n'importe qui. Elle est causée par une combinaison complexe de facteurs hormonaux, biologiques, environnementaux et psychologiques. La dépression périnatale touche 10% à 20% des femmes...

Devenir mère est un apprentissage et il est courant d’être déconnectée au début et incertaine dans les gestes. Une mère doit s’accorder une bonne dose de bienveillance et d’indulgence. Parfois, perdue dans un flot d’émotions, elle n’ose pas se confier. Or, en discutant, d’autres ressentent les mêmes sentiments.

La dépression n’est pas héréditaire. Avoir un parent qui a eu une dépression ne signifie pas que l’on aura une dépression à notre tour. Cela peut augmenter le risque mais il ne s’agit que d’un risque, pas d’une certitude. Beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte, comme le contexte de vie, l’entourage, l’histoire de chacun, notre gestion du stress, et les facteurs biologiques. Il est possible au contraire de n’avoir aucun parent sujet à la dépression et développer soi-même un état dépressif. La maladie peut toucher tout un chacun. L’important est d’en reconnaître les symptômes et de bénéficier de l’aide de son entourage, des soignants.

Un papa qui se met en retrait, un papa qui n’arrive pas à s’occuper de son bébé ou qui a des variations d’humeur importante peut également souffrir de dépression. Si ces signes sont repérés, il faut en parler, consulter. La dépression n’est pas réservée aux mères et peut très bien toucher le père, concomitamment à la mère ou non.

La dépression post partum peut toucher la mère et/ou le père à tout moment pendant l’année suivant la naissance. Il faut la distinguer du "baby blues", une période de légère tristesse pouvant être ressentie jusqu’au dixième jour suivant l’accouchement et qui disparaît rapidement

La dépression périnatale ne se manifeste pas de la même manière et avec la même intensité chez toutes les mères. Certaines continuent à très bien s’occuper de leur bébé, même si elles sont émotionnellement détachées ou submergées. D’autres vont se surinvestir, continueront à s’occuper de leur bébé en étant incapables de prendre une douche, ne pourront plus quitter leur lit, ou encore réaliseront tout cela sans parvenir à s’occuper de leur enfant.

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