La dépression périnatale

Illustration Julie Bellarosa ™

Accueil
chevron
agir
chevron
Identifier
chevron
Reconnaître les symptômes de la dépression périnatale

Reconnaître les symptômes de la dépression périnatale

Marie Pierre Guilleux, Anne Laure Sutter Dallay, Sarah Tebeka

Si tu lis ces lignes, c’est que tu cherches à identifier si tes symptômes sont ceux de la dépression périnatale. Même si globalement les symptômes sont semblables d’une mère à l’autre, ils peuvent aussi varier et cela ne traduit pas une échelle de la souffrance vécue. Certaines mères vont avoir des pensées suicidaires et/ou des phobies d’impulsion mais d’autres non. Elles seront pourtant également en dépression périnatale, il est donc important de ne pas sous-estimer tes symptômes.




Les symptômes clés à reconnaître

Plusieurs symptômes peuvent se faire ressentir en période de dépression périnatale et notamment :

  • Perte de plaisir et d’intérêt pour les activités que tu apprécies habituellement
  • Tristesse
  • Anxiété
  • Perte d’énergie et fatigue
  • Troubles de l’appétit
  • Difficulté à se concentrer ou à prendre des décisions
  • Troubles du sommeil
  • Faible estime de soi ou sentiment de culpabilité accru
  • Perte d’intérêt pour le nourrisson ou hypervigilance
  • Dévalorisation des compétences maternelles
  • Difficultés dans le lien à l’enfant
  • Peur de faire du mal à son enfant (phobie d’impulsion)
  • Idées suicidaires

Si plusieurs de ces symptômes te font écho, il est fort probable que tu traverses une dépression périnatale. Ils peuvent être différents d’une mère à l’autre mais aucun n’est à négliger. Il n’y a pas de symptômes graves et d’autres pas si tu es en souffrance, ils doivent tous être considérés.

quote icon

C’est difficile d’expliquer ce que j’ai ressenti car cela a été un sentiment d’amour immense envers mon enfant, je me suis émerveillée comme beaucoup d’autres parents de toutes les nouveautés, de ce petit être si vulnérable que j’avais mis au monde, mais je me sentais sous son contrôle et c’est cela qui me coûtait, je n’étais plus libre, par sa naissance, j’avais perdu mon entité d’amie, de femme, de sœur, au profit de mon entité de mère à part entière, j’essayais de donner le change mais je savais au fond de moi que je n’étais plus que mère et je le vivais extrêmement mal avec toute la culpabilité qui va avec, je me sentais dépossédée de moi-même et honteuse de ne pas en être heureuse, alors qu’on doit être heureux quand on devient mère, c’est inscrit dans les règles. Les pleurs de ma fille me terrorisaient et comme j’avais l’impression que j’étais la seule en capacité de la calmer, je n’arrivais pas du tout à la laisser, même à son père, et je m’épuisais tous les jours un peu plus avec un sentiment de tristesse intense.

Témoignage d’une mère ayant traversé une dépression périnatale



Quand et comment chercher de l’aide

Il est important de demander de l’aide dès que les symptômes persistent plus de deux semaines. Ne te dis pas « j’attends un peu, ça va passer » ou « je n’ai pas à me plaindre, mon bébé et moi sommes en bonne santé ». Tu es en souffrance et tu as besoin d’être accompagnée dans ta difficulté maternelle. Tu es légitime à demander de l’aide, n’en doutes pas et écoutes-toi, personne ne sait mieux que toi ce que tu traverses et ressens alors laisse de côté les éventuels « ce n’est rien » ou « c’est juste un baby blues, c’est passager ». À partir du moment où tes symptômes prennent trop de place et durent plus de 15 jours, c’est que c’est le moment pour toi de chercher de l’aide.

Chercher de l’aide peut paraître insurmontable. Comment le faire ? EN PARLANT. OSER PARLER est LA solution. Pour cela, l’idéal est que tu puisses identifier une personne en qui tu as confiance et à laquelle tu pourras faire part de ta souffrance. Si cette personne n’existe pas dans la sphère médicale ou paramédicale, tu pourras te tourner vers une personne de ton entourage en capacité de te soutenir et t’aider à faire les démarches pour chercher de l’aide. Il peut aussi s’agir de pairs, c’est à dire de mères qui ont, elles aussi, vécu une dépression périnatale.

La première personne à laquelle tu parleras ne sera peut-être pas la bonne mais il ne faudra pas renoncer mais très vite te tourner vers une autre qui saura t’écouter.

Sais-tu que tu as le droit à un entretien post natal précoce pris en charge aux taux habituels par l’assurance maladie ? Pour cela, il te suffit de le solliciter auprès de la sage-femme ou du médecin de ton choix ou de te rendre à la PMI de ton secteur. Cet entretien est une vraie opportunité pour exprimer ta souffrance et trouver de l’aide.



Ressources et soutiens disponibles

Les ressources et soutiens disponibles sont variés.

Il peut s’agir :

  • des professionnels de santé : celui qui t’a accompagné pendant ta grossesse, ton médecin traitant, ou tout autre professionnel de santé de la périnatalité ;
  • le réseau de périnatalité de ta région qui propose des annuaires de professionnels de santé vers lesquels te tourner ;
  • le service de PMI (Protection Maternelle et Infantile) le plus proche de chez toi ;
  • la maternité dans laquelle tu as accouché qui pourra t’indiquer s’il existe une unité mère-enfant, un service périnatalité au sein de l’hôpital ou toute autre structure spécialisée en périnatalité ;
  • d’un lieu d’accueil enfants-parents (LAEP) s’il en existe un près de chez toi, il s’agit d’un lieu au sein duquel on peut passer du bon temps avec son bébé, partager nos expériences avec d’autres parents, et rencontrer des professionnels formés à l’écoute ;
  • d’un technicien de l’intervention sociale et familiale (TISF) auquel tu peux faire appel dans le cadre d’une dépression périnatale, son rôle est de t’aider et te soulager dans ton quotidien ;
  • de l’association Maman Blues qui propose :
    → un forum, espace de discussion autour de la difficulté maternelle (avec d’autres femmes en souffrance mais aussi des bénévoles de l’association passées par la difficulté maternelle) ;
    → un site internet sur lequel tu trouveras des groupes de parole en visio et en présentiel près de chez toi ;
    → des référentes locales dans ton département disponibles pour t’écouter, te soutenir et t’informer au niveau local sur

"Instinct maternel", "seules

les mères sont touchées par

la dépression post-partum":

stop aux idées reçues !

Attendre un enfant avec impatience et amour ne signifie pas que l'annonce de la grossesse sera vécue comme la meilleure chose au monde. La dépression peut impacter n'importe qui. Elle est causée par une combinaison complexe de facteurs hormonaux, biologiques, environnementaux et psychologiques. La dépression périnatale touche 10% à 20% des femmes...

Devenir mère est un apprentissage et il est courant d’être déconnectée au début et incertaine dans les gestes. Une mère doit s’accorder une bonne dose de bienveillance et d’indulgence. Parfois, perdue dans un flot d’émotions, elle n’ose pas se confier. Or, en discutant, d’autres ressentent les mêmes sentiments.

La dépression n’est pas héréditaire. Avoir un parent qui a eu une dépression ne signifie pas que l’on aura une dépression à notre tour. Cela peut augmenter le risque mais il ne s’agit que d’un risque, pas d’une certitude. Beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte, comme le contexte de vie, l’entourage, l’histoire de chacun, notre gestion du stress, et les facteurs biologiques. Il est possible au contraire de n’avoir aucun parent sujet à la dépression et développer soi-même un état dépressif. La maladie peut toucher tout un chacun. L’important est d’en reconnaître les symptômes et de bénéficier de l’aide de son entourage, des soignants.

Un papa qui se met en retrait, un papa qui n’arrive pas à s’occuper de son bébé ou qui a des variations d’humeur importante peut également souffrir de dépression. Si ces signes sont repérés, il faut en parler, consulter. La dépression n’est pas réservée aux mères et peut très bien toucher le père, concomitamment à la mère ou non.

La dépression post partum peut toucher la mère et/ou le père à tout moment pendant l’année suivant la naissance. Il faut la distinguer du "baby blues", une période de légère tristesse pouvant être ressentie jusqu’au dixième jour suivant l’accouchement et qui disparaît rapidement

La dépression périnatale ne se manifeste pas de la même manière et avec la même intensité chez toutes les mères. Certaines continuent à très bien s’occuper de leur bébé, même si elles sont émotionnellement détachées ou submergées. D’autres vont se surinvestir, continueront à s’occuper de leur bébé en étant incapables de prendre une douche, ne pourront plus quitter leur lit, ou encore réaliseront tout cela sans parvenir à s’occuper de leur enfant.

Articles associés

Communiquer et poser les bonnes questions

Communication et questions clés L’importance de la communication Poser les bonnes questions Écouter et répondre avec empathie Détecter les signaux non verbaux Approche des employeurs Ressources et formation

Dépister / Se faire dépister

Dépistage de la dépression périnatale : quels outils existent ?