La dépression périnatale

Illustration Julie Bellarosa ™

Accueil
chevron
agir
chevron
Prevenir
chevron
Maternité : Changements normaux et risques d’alerte

Maternité : Changements normaux et risques d’alerte

Elise Marcende, Françoise Rulfi
#Femmes enceintes #Partenaires #Professionnels de santé

Démystifiez les étapes de la maternité, distinguez les risques potentiels, et apprenez à réagir de manière informée.

Les changements physiques sont nombreux durant la grossesse. Ces derniers sont assez souvent liés aux multiples modifications hormonales intervenant dès le début de grossesse.

Les étapes psychiques dès la grossesse:

Dans ces étapes, l’entrée dans la maternité et dans la paternité/coparentalité peut se faire sur un rythme différent. Là encore, ne vous inquiétez pas et dialoguez pour comprendre ce que chacun ressent et vit.

Psychisme et santé mentale périnatale :
Comme nous avons pu le voir précédemment, pendant la grossesse et en post-partum, la femme vit des changements hormonaux conséquents qui ont des repercussions physiologiques sur l’ensemble de ses organes dont le cerveau.

Le post-partum, quant à lui, représente une période de transition lente vers un nouvel équilibre où l’état physique et psychique de la femme se reconstruit en regard de ce qu’elle a vécu et de ce qu’elle est entrain d’expérimenter. Cela sera renforcé par le fait que, dans notre culture, cette période est méconnue et encore taboue. Les femmes peuvent alors interpréter leur vécu en se pensant anormales ou encore “mauvaise mère”. En parler à un.e professionnel.le qui rassure sur la normalité du vécu peut déjà aider à se sentir mieux.

quote icon

Naître mère comporte des passages dont les intensités sont comparables à l'accouchement mais sans l’équivalent de la péridurale. Il s’agit de s’occuper d’un autre être humain complètement dépendant de soi 24 heures sur 24, tout en vivant soi-même de profonds changements physiques et émotionnels

Ingrid Bayot

Le quatrième trimestre de grossesse

Concrètement, il va s’agir de s’adapter à un nouveau rythme très intense, un quotidien prenant et répétitif. Les parents font faire face à la responsabilité d’un nouveau-né totalement dépendant d’eux. L’implication de tous (famille élargie et amis) est essentielle, plus encore auprès de la femme qui se retrouve en première ligne. Il est encore très répandu d’entendre dire : “tu l’as porté, tu sais quoi faire”. Or être enceinte et exercer le maternage ne vont pas forcément de pair. De plus, actuellement, les femmes sont de moins en moins en contact les unes avec les autres, ce qui ne permet pas de voir faire des femmes qui ont déjà l’expérience de la maternité. A cela, s’ajoutent les fortes pressions sociales et sociétales qui influencent beaucoup les projets de parentalité, surtout chez les mères. Les parents peuvent alors se sentir perdus, seuls et désemparés quand ils ne répondent pas aux attentes souhaitées. Notre société ne leur offre pas forcément le soutien nécessaire et adéquat dans leurs premiers pas. De fait, il existe un décalage entre le manque de préparation des futurs parents au post-partum, d’attention et de soutien reçus et la pression imposée par la société et souvent aussi par les jeunes mères envers elles-mêmes.

Isabelle Bayot - “Le quatrième trimestre de la grossesse”


Identifier les signaux d’alerte

Concernant les changements physiques, durant la grossesse, certains sont à prendre en compte plus spécifiquement car préoccupants. En voici une liste détaillée :

  • Des céphalées inhabituelles ou persistantes
  • Une sensation de vertige
  • Des problèmes de vue
  • Des douleurs ou crampes dans le bas-ventre
  • Des contractions
  • Des saignements vaginaux
  • Une fuite de liquide provenant du vagin (qui pourrait être le liquide amniotique)
  • Un gonflement des mains ou des pieds
  • Un volume urinaire moins important que d’habitude
  • Toute maladie ou infection
  • Des tremblements des mains ou des pieds
  • Des convulsions
  • Un rythme cardiaque rapide
  • Moins de mouvement chez le fœtus

Nous vous encourageons à consulter si l’un de ces signes se manifeste afin de pouvoir être rassuré.e.

Qui plus est, il est compréhensible de se sentir en difficulté quand une grossesse prend une dimension pathologique par exemple. Vous avez le droit de l’exprimer et, si vous en ressentez le besoin, d’être accompagnée (psychologue de la maternité, psychologue en libéral, etc…)

Concernant les symptômes d’alerte autour de la santé mentale, la fiche “Signes d’alerte” vous aidera à mieux les distinguer.

Prendre soin de votre santé mentale ne fait pas de vous une personne fragile.

Rappelons la définition de la santé de l’OMS :

quote icon

La santé est un état complet de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.

Pour aller plus loin

Vous avez le droit de vous préoccuper de votre état psychique comme de votre état corporel. Engager un processus d’accompagnement et de soin autour de votre santé mentale montre combien cette dernière est importante à vos yeux.

De plus, lorsque vous avez déjà connu des épisodes de vie difficiles, que vous avez des antécédents de troubles psychiques, vous êtes plus à même de connaître les impacts des symptômes psychiques sur votre qualité de vie. Prenez les en considération, faites en part à l’équipe en charge de la grossesse ou en postnatal, des professionnels que vous allez consulter (médecin traitant, sage-femme, pédiatre, psychiatre,…)

Conseils sur la gestion du stress et de l’anxiété pendant la grossesse

Une fatigue intense (et même un épuisement important), des troubles du sommeil, des difficultés d’endormissement.

  • Un sentiment de tristesse profond, avec des pleurs répétés dans une même journée.
  • Une perte de plaisir (anhédonie)
  • Une perte d’appétit, avec un amaigrissement. On peut également observer a contrario une compulsion à absorber des aliments.
  • Une anxiété, qui peut s’accompagner de crises d’angoisse, de crises de panique ou de phobies d’impulsion.
  • Une irritabilité
  • Des plaintes somatiques fréquentes, comme un mal de dos permanent, des palpitations, des bouffées de chaleurs, des tremblements, une sensation d’oppression, d’étouffement, de vertige
  • Des troubles de la concentration
  • Des idées suicidaires

Ce qui la distincte d’une dépression classique sont les signes d’alerte autour du bébé :

  • Un état d’hypervigilance prolongée : la mère n’arrive plus à dormir, sur le qui-vive constamment.
  • Des préoccupations et inquiétudes centrées sur le bébé, avec notamment des plaintes somatiques le concernant et des visites répétées chez le pédiatre.
  • Des difficultés dans la relation à l’enfant et dans la création du lien.
  • Des pensées intrusives et des phobies d’impulsion centrées sur l’enfant généralement.
  • Des soins à l’enfant réalisés de façon mécanique, détachée, automatique

Conseils au professionnels :

La dépression postnatale peut se manifester durant toute la première année de vie de l’enfant. Les symptômes peuvent être évidents et, de fait, permettre un soin dédié et régulier rapidement. Mais chez certaines personnes, la dépression ne va pas être “bruyante” ou la personne ne va pas souhaiter la rendre visible. De prime abord, la personne peut paraître en bonne santé. Nous vous conseillons d’interroger systématiquement les parents sur leurs ressentis pour qu’ils puissent se saisir de l’espace de paroles que vous leur ouvrez.

Soyez aussi attentif au bébé qui peut montrer des signes de souffrances tels que des troubles alimentaires, des troubles du sommeil, se mettre en veille ou au contraire se faire entendre par des pleurs très présents au quotidien. L’enfant peut faire émerger par son comportement ou ses symptômes, une souffrance du ou des parents. Faites attention à l’enfant tout comme à l’interaction avec ses parents.

La dépression périnatale : de quoi parle-t-on ?

La santé mentale pendant la grossesse

Votre santé mentale est tout aussi importante que votre santé physique. Être écouté.e et soutenu.e durant toute la période périnatale permet de mettre en mots ce qui se trame intérieurement. N’ayez pas peur de vous exprimer, de dire ce qui vous tracasse. Vous pourrez ainsi être aiguillé.e tout au long de votre grossesse.

Il n’est pas rare que les femmes et leur entourage pensent que les symptômes présentés par la future mère sont liés à la grossesse elle-même. Mais, dès lors que ces symptômes prennent de la place et empêchent un fonctionnement habituel, la parole de la femme doit être entendue. Cela ne signifie pas pour autant que la santé psychique maternelle soit altérée. Plus l’accompagnement de ces symptômes se fait précocement, plus cela permet de diminuer les symptômes et leur impact sur la qualité de vie

Informations sur les changements psychologiques courants et signes de troubles

Conseils sur la gestion du stress et de l’anxiété pendant la grossesse

Nous vous conseillons de prendre connaissance de la fiche “Emotion et parentalité”.

Informations spécifiques pour les conjoints et proches aidants sur la différence entre les baby blues et la dépression périnatale.

Ne pas minimiser ni banaliser : Si votre proche enceinte ou jeune parent vous fait part d’un mal-être psychique, il peut être important pour lui d’être entendu dans sa souffrance, même si la raison de cette dernière ne vous est pas compréhensible. Ne cherchez pas forcément à le rassurer “ton bébé va bien, ce n’est rien”, car cela peut-être vécu comme une invalidation de son ressenti.

Le baby blues (ou postpartum blues), n’est pas un problème de santé mentale périnatal mais un épisode marqué par une labilité de l’humeur, apparaissant entre le 3ème et le 5ème jour du postpartum et qui ne dure que quelques jours. S’il peut concerner jusqu’à 80% des mères, sa fréquence est estimée à 39% (Rezaie-Keikhaie et al., 2020). Si le baby blues est considéré comme bénin, une récente étude française l’a identifié comme un facteur de risque de développer une dépression postnatale. Si votre proche présente un baby blues très intensif, ou s’il dure plus de quelques jours, cela n’est peut-être pas un baby blues, mais une dépression, et nécessite un soutien de la part de professionnels

“Soutenir quelqu’un de mon entourage”


Préparation pour le post-partum

Stratégies pour une récupération saine et gestion du post-partum.

Pendant la grossesse, les futurs parents sont souvent bien soutenus, accompagnés, surveillés, et soignés si besoin.

Durant le post-partum, aussi appelé “quatrième trimestre de grossesse”, et décrit comme une période de transition émotionnelle, physique et émotionnelle complexe qui s’accompagne d’une vulnérabilité sociale, physique et émotionnelle du nouveau-né, les parents peuvent ressentir un grand vide en se retrouvant seuls.es à domicile. Pourtant, ils auront besoin d’être entourés, et plus encore la mère et le bébé.

Le soutien social est primordial afin de garantir des soins optimaux, physiques et émotionnels en post-partum.

Futurs parents, il est essentiel de pouvoir identifier vos besoins avant la naissance du bébé, d’anticiper et d’organiser un réseau de personnes qui vont s’occuper de cette logistique. Cela peut être des points très basiques mais qui sont essentiels pour votre bien-être comme ménager son corps, préserver son sommeil, s’aérer. Le fait de les lister vous permettra de recenser les ressources si ces besoins en nécessitent.

Ne perdez pas de vue que la récupération après la grossesse et la naissance d’un enfant est plus ou moins longue et ce en fonction d’un certain nombre de facteurs (une grossesse pathologique, une césarienne, etc…). Le soutien en postnatal pourra également se trouver et se faire auprès de professionnels.lles, d’associations, de groupes de pairs.

Référence Postnatal Support Network

Conseils pratiques pour le soutien post-partum et la prise en charge. Durant cette période, les parents reçoivent de nombreux conseils. Appuyez vous sur un professionnel de confiance (sage-femme, médecin traitant, …) qui vous aiguillera lors de vos recherches et questions.


Ressources et soutien

Seul.e, il est difficile de sortir d’un état psychique dégradée parce que l’on ne possède pas en soi toutes les ressources pour s’en sortir. L’aide de professionnels et/ou de structures spécialisées en psychiatrie périnatale permet de mieux appréhender et comprendre ce que l’on traverse tout en bénéficiant de soins adéquats à la situation rencontrée. En outre, se rapprocher d’associations nationales et/ou locales a un réel impact sur l’isolement ressenti dans une période de grandes vulnérabilités psychiques. Vous n’êtes pas seul.e. Rencontrer d’autres personnes qui auront vécu ou sont en train de vivre des difficultés similaires aux vôtres vous permettra de vous sentir soutenu.e, compris.e.

Un certain nombre de ressources existent. Nous vous invitons à consulter directement la fiche dédiée, “Vers qui se tourner ?”

Le rôle des proches aidants

Dès la grossesse, construisons notre équipe de soutien : Qui est significatif pour nous ?

L’entourage du parent concerné par un trouble psychique périnatal peut se sentir impuissant face à la situation et peiner à agir, plus encore lorsque cela ne lui semble pas compréhensible.

Voici quelques pistes sur lesquelles vous appuyer :

  • Faites preuve de douceur. Vous pouvez avoir envie de stimuler la personne en souffrance mais ne négligez pas que chaque action peut lui coûter.
  • Essayez de ne pas porter de jugement car il est aisé d’avoir un regard réprobateur parce qu’il n’y aurait aucune raison, selon vous, qu’elle/il aille mal.
  • N’insistez pas pour avoir un dialogue à tout prix. La personne concernée peut ne être en capacité de verbaliser. Les temps de pause sont tout aussi importants que les temps de verbalisation.
  • Soyez présent sans vous imposer. Envoyer un message, appeler avant une visite permet de savoir si la personne est disposée à vous recevoir.
  • Soyez à l’écoute de façon active tout en étant prêt.e à accueillir le vécu et les ressentis de l’autre.
  • Soyez patient, c’est toute une reconstruction qui se joue. Vous souhaitez retrouver rapidement la personne aimée mais le chemin vers le mieux-être requiert une certaine temporalité.

"Instinct maternel", "seules

les mères sont touchées par

la dépression post-partum":

stop aux idées reçues !

Attendre un enfant avec impatience et amour ne signifie pas que l'annonce de la grossesse sera vécue comme la meilleure chose au monde. La dépression peut impacter n'importe qui. Elle est causée par une combinaison complexe de facteurs hormonaux, biologiques, environnementaux et psychologiques. La dépression périnatale touche 10% à 20% des femmes...

Devenir mère est un apprentissage et il est courant d’être déconnectée au début et incertaine dans les gestes. Une mère doit s’accorder une bonne dose de bienveillance et d’indulgence. Parfois, perdue dans un flot d’émotions, elle n’ose pas se confier. Or, en discutant, d’autres ressentent les mêmes sentiments.

La dépression n’est pas héréditaire. Avoir un parent qui a eu une dépression ne signifie pas que l’on aura une dépression à notre tour. Cela peut augmenter le risque mais il ne s’agit que d’un risque, pas d’une certitude. Beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte, comme le contexte de vie, l’entourage, l’histoire de chacun, notre gestion du stress, et les facteurs biologiques. Il est possible au contraire de n’avoir aucun parent sujet à la dépression et développer soi-même un état dépressif. La maladie peut toucher tout un chacun. L’important est d’en reconnaître les symptômes et de bénéficier de l’aide de son entourage, des soignants.

Un papa qui se met en retrait, un papa qui n’arrive pas à s’occuper de son bébé ou qui a des variations d’humeur importante peut également souffrir de dépression. Si ces signes sont repérés, il faut en parler, consulter. La dépression n’est pas réservée aux mères et peut très bien toucher le père, concomitamment à la mère ou non.

La dépression post partum peut toucher la mère et/ou le père à tout moment pendant l’année suivant la naissance. Il faut la distinguer du "baby blues", une période de légère tristesse pouvant être ressentie jusqu’au dixième jour suivant l’accouchement et qui disparaît rapidement

La dépression périnatale ne se manifeste pas de la même manière et avec la même intensité chez toutes les mères. Certaines continuent à très bien s’occuper de leur bébé, même si elles sont émotionnellement détachées ou submergées. D’autres vont se surinvestir, continueront à s’occuper de leur bébé en étant incapables de prendre une douche, ne pourront plus quitter leur lit, ou encore réaliseront tout cela sans parvenir à s’occuper de leur enfant.

Articles associés

#Santé mentale#Périnatalité

Comment se préparer à la maternité en cas de troubles psychiques préexistants

Vous avez un projet d'enfant mais vous vous questionnez par rapport à votre problème de santé mentale. Cette fiche vous aide à comprendre l'intérêt d'en parler à des professionnels tels que votre psychiatre, votre médecin, votre gynécologue

Connaitre les facteurs de risques

Les facteurs de risques de la dépression périnatale Un facteur de risque : c’est quoi ? Facteurs de risques en amont du projet d’enfant Facteur de risques liés à la grossesse et la maternité Et les conjoint.e.s dans tout ça ? Quels moyens de prévention ?

#Santé mentale#Périnatalité

Émotions et parentalité

Émotions et parentalité description

Outils et pratiques de prévention

Outils et pratiques pour prévenir la dépression périnatale Comprendre la prévention Outils de dépistage et d’évolution Stratégie de prévention quotidienne L’importance du soutien social Ressources et programmes de prévention