La dépression périnatale est un trouble psychiatrique fréquent, qui touche de 15 à 20 % des nouvelles mères, mais également les pères (autour de 8%). Elle peut se manifester à tout moment pendant l’année suivant la naissance du bébé. Contrairement au baby blues, la dépression post-partum est durable dans le temps (au moins deux semaines, fréquemment plusieurs mois), plus sévère et nécessite des soins. Elle peut avoir un impact directement sur le parent, mais aussi sur le développement du bébé, notamment par le biais des conséquences qu’elle a sur la formation du lien d’attachement entre eux.
Le rôle de l’entourage est primordial dans l’accompagnement d’une personne souffrant d’une dépression post-partum caractérisée ou d’une personne à risque de dépression post-partum (l’absence de soutien social est connue pour être un facteur de risque). Le diagnostic n’est pas toujours évident et rapide, là aussi les proches aidants ont une place capitale pour favoriser le mieux être du parent. Le but de ce chapitre est de fournir des conseils pratiques et des stratégies aux proches qui souhaiteraient aider efficacement quelqu’un souffrant de dépression périnatale.
Soutenir quelqu’un de mon entourage
Découvrez comment vous pouvez aider et soutenir un membre de votre entourage confronté à la dépression périnatale.
Plus la dépression du périnatale est détectée tôt, plus son traitement est efficace et moins l’impact de ce trouble est important pour le parent et son bébé. Les personnes présentant une dépression périnatale peuvent ne pas se rendre compte du caractère pathologique de leur état. Si elles s’en rendent compte, elles peuvent néanmoins ne pas s’autoriser à en parler, du fait d’un sentiment de honte ou de culpabilité (sentiment fréquent lors d’une dépression post-partum) en lien avec la stigmatisation associée aux problèmes de santé mentale. Il est donc important que l’entourage se montre attentif afin de repérer les symptômes de dépression périnatale chez leur proche (mettre le lien vers une page détaillant les symptômes) et puisse évoquer la question avec eux.
Par ailleurs, si l’un de vos proches présente une dépression périnatale, il sera important de:
- Lui fournir un espace d’écoute et de soutien émotionnel
- Lui fournir un soutien pratique
- L’aider à accéder à des soins adaptés
Un aidant n’est pas forcément un spécialiste du sujet. Vous avez déjà plein de ressources liées à votre histoire commune, votre caractère et vos compétences. Vous pouvez aussi prendre conseil auprès de professionnels. Peut-être avez-vous la faculté de détendre en un massage les épaules nouées, peut-être que l’on dit souvent de vous que vous savez écouter, ou que vous adorez prendre soin des bébés. Toujours dans le respect de votre proche et dans le but de lui apporter, non pas du jugement, mais plus de confiance en soi, un moment de pause ou de respiration alors qu’il est en apnée, utilisez d’abord vos dons naturels pour soulager, apaiser, écouter. Vous trouverez dans les chapitres suivants des indications sur la meilleure manière de vous comporter, les choses à dire et à éviter, ainsi que le réseau que vous pouvez créer pour aider votre proche à se relever.
Ecoute et Soutien émotionnel: Techniques de communication efficace
Si vous croyez qu’une personne de votre entourage présente une dépression périnatale, il est important de la questionner, lui permettre de parler, verbaliser sa souffrance sans formuler de jugement. Reconnaître sa détresse, la légitimer, ne pas la minimiser est capital afin d’éviter que cette personne ne se sente encore plus coupable et incompétente. Il est aussi conseillé de la rassurer : expliquer qu’elle n’est pas seule à traverser ce type de difficulté, qu’elle n’est pas responsable de son état, que cela ne remet pas en cause sa qualité de parents, qu’il existe des prises en charge qui vont l’aider à guérir au plus vite. Il est important de demander à la personne comment vous pouvez l’aider, car les besoins diffèrent d’une personne à l’autre.
L’écoute active est un outil de communication qui peut être très utile pour vous adresser à votre proche et recueillir ses besoins. Voici les principaux principes de l’écoute active :
- Attention totale : Soyez présent, évitez les distractions et montrez un intérêt sincère.
- Empathie : Essayer de comprendre les sentiments et les perspectives de l’interlocuteur. Cela implique de se mettre à la place de l’autre et de reconnaître ses émotions sans les juger.
- Réflexion : Reformuler ou résumer ce que l’interlocuteur a dit pour montrer que vous avez bien compris. Par exemple, dire “Si je comprends bien, tu ressens…” ou “Donc, tu veux dire que…“.ertes** : Encouragez la personne à s’exprimer davantage.
- Questions ouvertes : Poser des questions qui encouragent l’interlocuteur à s’exprimer davantage. Les questions ouvertes commencent souvent par “Comment”, “Pourquoi”, ou “Qu’est-ce que”, et ne peuvent pas être répondues par un simple “oui” ou “non”.
- Non-jugement : Écouter sans émettre de jugement ou de critique. Cela crée un espace sûr pour que l’interlocuteur se sente libre de s’exprimer honnêtement.
- Réponses verbales et non-verbales : Utiliser des signes non-verbaux comme le hochement de tête, le contact visuel, et des expressions faciales appropriées pour montrer que vous écoutez. Les réponses verbales peuvent inclure des mots de soutien ou des petites phrases comme “Je vois”, “Je comprends”.
- Silence : Ne pas interrompre l’interlocuteur et respecter les pauses dans la conversation. Le silence peut donner à l’autre personne le temps de réfléchir et d’exprimer ses pensées plus profondément.
En pratiquant ces principes, l’écoute active permet de mieux comprendre l’interlocuteur, de renforcer les relations et de trouver des solutions plus efficaces.
Les différentes phrases auxquelles vous pouvez être confronté et quelques pistes pour y répondre :
Je n’y arriverai pas :
Je suis épuisé-e :
Soutien pratique et émotionnel
Pour surmonter cette épreuve, il est souhaitable que la personne souffrant de dépression puisse se reposer sur des personnes de confiance, capables de prendre le relais si la personne le souhaite auprès du bébé pour la soulager et lui permettre de prendre du temps pour elle. Se proposer pour s’occuper du bébé et mobiliser d’autres personnes de l’entourage dans ce but est donc important.
Il faut notamment s’assurer que la personne puisse autant que cela lui est possible :
- Dormir suffisamment : s’occuper du bébé pendant une nuit (ou, si la maman allaite, proposer de s’occuper du change et du couchage après la tétée) ; s’occuper du bébé le temps d’une sieste pour la personne.
- Prendre des repas réguliers et équilibrés : s’occuper du bébé le temps d’un repas ; proposer de faire les courses ; apporter un/des plats cuisinés aux parents.
- Se laver régulièrement, prendre soin d’elle au quotidien : garder le bébé pendant la douche, un rendez-vous chez le coiffeur…
- Pratiquer une activité de loisirs (sportive, artistique ou autre)
- Conserver un lien social avec son entourage (sortie avec des proches)
Nous avons tous des connaissances et des facilités dans différents domaines, nos propres qualités et notre manière d’aider. Voici plusieurs façons d’apporter un soutien efficace :
Écouter et valider les émotions
- Écoute active et empathie : Écouter sans juger, offrir une oreille attentive et montrer de l’empathie envers les sentiments de la personne concernée.
- Encouragement à parler :Encourager la personne à exprimer ses émotions et ses pensées. Parler de ses sentiments peut aider à alléger le poids de la dépression.
- Informer et éduquer : Se renseigner sur la dépression périnatale pour mieux comprendre la condition et savoir comment aider de manière appropriée.
- Encourager la consultation de professionnels : Inciter la personne à consulter un médecin, un psychologue ou un psychiatre pour obtenir de l’aide professionnelle. Accompagner la personne aux rendez-vous peut également être utile.
- Éviter les conseils non sollicités : Éviter de donner des conseils non demandés ou de minimiser les sentiments de la personne. Il est important de valider ses émotions et de ne pas les rejeter.
Présence :
- Assurer une présence constante : Être là régulièrement pour offrir un soutien continu, montrer que la personne n’est pas seule et qu’elle peut compter sur vous.
- Renforcer le sentiment de compétence parentale : faire prendre conscience au parent qu’il/elle sait faire, l’aider à tisser le lien par le contact avec son bébé, le partage d’expérience.
Aide Pratique et moments de pause :
- Offrir de l’aide pratique : Prendre en charge certaines tâches quotidiennes, comme les soins du bébé, les tâches ménagères ou les courses, pour alléger la charge de la personne.
- Encourager les soins personnels : Inciter la personne à prendre soin d’elle-même, que ce soit par du repos, une bonne alimentation, ou des activités relaxantes.
Mais dans tous les cas :
- Créer un environnement positif : Favoriser un environnement positif et apaisant, en évitant les situations stressantes ou les conflits.
- Surveiller les signes de détresse : Être attentif aux signes de détresse ou d’aggravation de la dépression et savoir quand chercher une aide d’urgence.
Le soutien d’un proche peut faire une grande différence dans la gestion de la dépression post-natale, en offrant à la personne affectée un réseau de soutien solide et compréhensif.
Ressources et réseaux d’aide
- Médecin traitant
- Sage-femme libérale
- PMI
- Centre médico-psychologique
- Psychologues et psychiatres libéraux (dispositif “Mon psy”)
- Centre de psychiatrie périnatale, unité mère-bébé
- 3114 : Numéro national de prévention du suicide
- Application 1000 premiers jours et échelle d’edimbourg Futurs parents, parents, évaluez votre bien-être émotionnel en quelques minutes
- Association:
- UNAFAM consultation/aide à la parentalité
- GPS parent
- Escale des aidants
- Maman blues: Accompagnement non médical de soutien, d’écoute et de conseils dans le cadre de la difficulté maternelle
Guide sur les ressources disponibles pour les proches et les aidants, y compris des liens vers des organisations et des groupes de soutien.
Collaboration avec les professionnels de santé
Conseils pour travailler efficacement avec les professionnels de santé dans le soin du proche souffrant de dépression périnatale.
Aidant identifié comme tel par l’équipe médicale VS l’aidant/proche
Travailler efficacement avec les professionnels de santé pour soutenir un proche souffrant de dépression périnatale nécessite une collaboration et une communication optimales. Voici quelques conseils pour faciliter cette coopération :
- Communication ouverte et honnête : Partager toutes les informations pertinentes sur l’état de votre proche avec son accord (sauf situation préoccupante pour la sécurité de l’enfant ou du parent) avec les professionnels de santé. Être transparent sur les symptômes observés, les comportements et les antécédents médicaux.
- Poser des questions : Ne pas hésiter à poser des questions pour comprendre le diagnostic, les options de traitement et les plans de soins. Clarifier tous les doutes que vous pourriez avoir pour vous assurer de bien comprendre la situation et les étapes à suivre.
- Respecter les recommandations médicales : Suivre les conseils et les recommandations des professionnels de santé concernant les traitements, les rendez-vous et les soins à domicile.
- Encourager l’adhésion au traitement : Soutenir votre proche dans la prise régulière de ses médicaments et dans le suivi des thérapies prescrites. Encourager une adhésion stricte au plan de traitement est crucial pour son efficacité.
- Partager les préoccupations : Informer les professionnels de santé de tout changement ou de toute préoccupation concernant l’état de votre proche. Les changements dans les symptômes ou les effets secondaires des médicaments doivent être signalés rapidement.
- Éduquer et informer : Se renseigner sur la dépression périnatale pour mieux comprendre la condition et les traitements disponibles. Plus vous êtes informé, mieux vous pouvez soutenir votre proche et communiquer avec les professionnels de santé.
- Respecter les limites professionnelles : Reconnaître les limites des rôles des professionnels de santé et respecter leur expertise. Éviter de demander des services ou des conseils en dehors de leur domaine de compétence.
- S’impliquer dans les thérapies familiales : Participer aux thérapies familiales ou de groupe si elles sont recommandées. Cela peut aider à améliorer la dynamique familiale et à fournir un soutien collectif à votre proche.
En suivant ces conseils, vous pouvez contribuer à une prise en charge plus efficace et à un soutien global pour votre proche souffrant de dépression périnatale.
Prendre soin de soi en tant qu’aidant
Aider prend de l’énergie, du temps et sur un sujet comme la dépression, votre rôle d’aidant peut durer quelque temps. Pour ne pas sombrer vous même et apporter une aide en étant disponible et amener de la positivité, vous devez veiller à votre propre bien-être et montrer en quelque sorte le bon exemple.
La Base pour soi aussi
- Dormir suffisamment : Essayer de maintenir un bon rythme de sommeil. Le manque de sommeil peut affecter la capacité à penser clairement et à gérer le stress.
- Faire de l’exercice régulièrement : L’exercice peut aider à réduire le stress et à améliorer l’humeur. Même une courte marche quotidienne peut faire une différence.
- Manger sainement : Maintenir une alimentation équilibrée pour avoir l’énergie nécessaire pour faire face aux défis quotidiens.
Gestion du Stress
- Pratiquer des techniques de relaxation : Des techniques comme la méditation, le yoga, ou la respiration profonde peuvent aider à réduire le stress.
- Prendre du temps pour soi : S’assurer de prendre du temps pour faire des activités agréables et relaxantes, même si ce n’est que pour quelques minutes par jour.
Support Émotionnel
- Parler à quelqu’un : Partager ses sentiments et ses frustrations avec un ami de confiance, un membre de la famille, ou un professionnel de santé mentale. Ne pas garder les émotions négatives pour soi.
- Joindre un groupe de soutien : Rejoindre un groupe de soutien pour aidants peut offrir un espace pour partager des expériences et recevoir du soutien émotionnel.
Planification et Organisation
- Organiser son temps : Planifier ses journées pour s’assurer d’avoir du temps pour se reposer et se ressourcer. Utiliser des listes de tâches peut aider à gérer les responsabilités sans se sentir débordé.
- Demander de l’aide : Ne pas hésiter à demander de l’aide à d’autres membres de la famille, amis ou services professionnels. Personne ne peut tout faire seul.
Éducation et Information
- Se renseigner sur la dépression périnatale : Comprendre la condition peut aider à mieux gérer les attentes et à trouver des stratégies de soutien appropriées.
Reconnaître ses Limites
- Savoir dire non : Reconnaître ses propres limites et savoir dire non quand on se sent débordé. Il est important de ne pas s’épuiser.
- Chercher de l’aide professionnelle : Si le stress ou les responsabilités deviennent trop lourds, consulter un thérapeute ou un conseiller peut être très bénéfique.
- Faire des pauses régulières : Prendre des pauses régulières pour se détendre et se ressourcer. Cela peut inclure de petites pauses durant la journée ou des moments plus longs pour des activités personnelles.
- Garder des liens sociaux : Maintenir des interactions sociales avec des amis et des proches pour éviter l’isolement et obtenir du soutien émotionnel.
Suivi Médical
- Surveiller sa propre santé : S’assurer de faire des check-ups réguliers et de suivre les recommandations médicales pour sa propre santé physique et mentale.
Travailler avec les professionnels de santé
Pour soutenir au mieux votre proche, une collaboration étroite avec les professionnels de santé est nécessaire. Voici quelques conseils :
- Communication ouverte : Informez-les des symptômes observés.
- Respecter les recommandations : Suivez les conseils médicaux.
- Poser des questions : Clarifiez tout ce que vous ne comprenez pas pour aider au mieux.