La dépression périnatale

Illustration Julie Bellarosa ™

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Connaitre les facteurs de risques

Connaitre les facteurs de risques

Séverine Barandon, Benoît de La Fournière, Aude Derrier Sanlaville, Marine Dubreucq, Corinne Dupont, Sophie Schaeffer, Sylvie Viaux- Savelon

Un facteur de risque : c’est quoi ?

Un facteur de risque est une caractéristique ou une condition qui augmente la probabilité de développer ou d’aggraver une difficulté ou une maladie. Il peut être de nature variée, incluant des aspects biologiques, comportementaux, environnementaux et/ou génétiques. Il n’implique pas nécessairement qu’une personne développera la maladie, mais il augmente la probabilité que cela survienne – exemple : tabac et certains types de cancer.

Cette liste représente les facteurs de risque les plus connus. Ce n’est pas parce qu’une personne présente un ou plusieurs facteurs de risques qu’elle sera forcément confrontée à une dépression périnatale ou à un autre problème de santé mentale. Cependant, ces facteurs en augmentent le risque de survenue et peuvent nécessiter une attention particulière et des interventions préventives. Cependant, dans plus de la moitié des cas, ces facteurs ne sont pas présents.

Cette liste étant non-exhaustive, n’hésitez pas à échanger avec votre médecin ou sage-femme sur d’autres situations si necessaire

Facteurs de risque en amont du projet d’enfant

  • Antécédents personnels et/ou familiaux au 1er degré (famille proche) de dépression ou des troubles anxieux par le passé
  • Primiparité
  • Perte de grossesse, décès néonatal lors d’une précédente grossesse
  • Consommation de substances psychoactives et/ou addictives (Cannabis, alcool, antalgiques morphiniques etc…)
  • Morbidités néonatales
  • Facteurs socio-économiques : conditions économiques difficiles (précarité, faible revenu, chômage par exemple, etc..), perte brusque des ressources, ou un niveau d’études correspondant au collège.
  • Absence de soutien social et/ou sentiment de solitude et d’isolement de la part de l’entourage (partenaire, famille, amis, …), Migration, perte de repère culturel, ne pas bien connaître le système de santé français
  • Problèmes relationnels et conflits avec le co-parent ou l’entourage
  • Manque de repère parentaux : ne pas avoir été élevé par ses propres parents
  • Expériences traumatisantes antérieures : violences familiales ou de l’entourage (négligences ou abus physiques, sexuels, psychologiques émotionnels ou conjugaux
  • Expériences antérieures de perte de grossesse (interruption spontanée de grossesse, mort fœtale in utero, décès néonatale) et de deuil :
  • Trouble de l’image du corps, antécédent de trouble du comportement alimentaire, antécédent de traumatisme corporel physique ou sexuel

Facteurs de risque liés à la grossesse et la maternité

  • Grossesse non planifiée ou non désirée
  • Perte de grossesse, décès néonatal lors d’une précédente grossesse
  • Complications médicales concernant la mère ou le fœtus pendant la grossesse : diabète gestationnel, menace d’accouchement prématuré, etc…
  • Accouchement vécu comme compliqué, difficile ou traumatique pour la mère et/ou le co-parent
  • Naissance prématurée, complications néonatales, hospitalisation néonatale, enfant présentant un handicap ou une malformation
  • Séparation mère-enfant
  • Baby blues perdurant plus d’une semaine
  • Mise en place difficile de l’allaitement, allaitement vécu comme difficile
  • Sentiment de sommeil non récupérateur
  • Perception d’un manque de soutien ou d’un sentiment d’incompréhension en post partum
  • Vécu parental en décalage avec les attentes et besoins
  • Accompagnement par les soignants en décalage avec les besoins des parents

Ref :

Et les conjoint.e.s dans tout ça ?

Des études récentes soulignent également l’impact de la dépression post-partum du père, estimée entre 8 et 10 % en France. Ces résultats ont conduit à élargir l’accompagnement de la mère à celui du coparent : les cliniciens et les chercheurs préfèrent désormais se concentrer sur la dépression parentale périnatale plutôt que sur la seule dépression post-partum. Mais les études portant sur les données collectées à la fois auprès de la mère et du coparent sont encore rares. La dépression périnatale du coparent est probablement sous-estimée du fait d’un dépistage imparfait. Des études récentes ont mis en évidence un lien entre l’accouchement vécu comme traumatique par l’un ou l’autre des parents sur le risque de survenue d’une dépression.

Ref :

Quels moyens de prévention ? NE PAS RESTER ISOLEE et OSER EN PARLER

La prévention de la dépression périnatale repose sur une combinaison comportant notamment du soutien social, des soins médicaux, des stratégies psychologiques et de style de vie.

En combinant ces approches, il est possible de créer un environnement favorable et soutenant qui minimise les risques de dépression périnatale et autres difficultés ou problèmes de santé mentale.

Cette liste étant non-exhaustive, n’hésitez pas à échanger avec votre médecin ou sage-femme sur d’autres situations si nécessaire

1. Concernant le Soutien social, il peut être proposé notamment de :

  • Créer / mobiliser un réseau de soutien en impliquant la famille, les amis et le partenaire pour offrir un soutien émotionnel et pratique.
  • Participer à des groupes de soutien en proposant de rejoindre des groupes de discussion pour les futures mères ou les nouvelles mères peut offrir un sentiment de communauté et de compréhension partagée.
  • En postpartum, aller en LAEP (Lieu d’Accueil Enfants Parents)

2. Concernant les Soins médicaux et surveillance

  • Contacter votre sage femme, même à distance de votre accouchement
  • Réaliser un entretien prénatal précoce et des soins prénataux réguliers : assurer des visites régulières chez le médecin ou la sage-femme pour surveiller la santé physique et mentale.
  • Évaluer le risque de dépression : les professionnels de la santé peuvent utiliser des questionnaires pour identifier les femmes à risque et intervenir précocement.
  • Réaliser une consultation avec une consultante en lactation en cas de choix d’allaitement ou de réflexion sur le mode d’alimentation
  • Solliciter les professionnels psychiques de la maternité : psychologue, psychiatre, pédopsychiatre, même à distance de votre accouchement
  • Aller voir les personnels de PMI de votre secteur
  • Évaluer le risque de dépression : les professionnels de la santé peuvent utiliser des questionnaires pour identifier les femmes à risque et intervenir précocement.

3. Éducation, préparation et prévention:

  • Séances de préparation à la naissance et à la parentalité : participer aux 8 séances de préparation à la naissance et à la parentalité pour apprendre à gérer les attentes et les défis de la maternité en couple ou en groupe
  • Si vous avez des addictions (tabac, médicaments, cannabis autres…) solliciter les sages-femmes d’addiction des maternités, les services de CSAPA (centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) qui accompagnent les mères et les co parents
  • Éducation sur les signes de la dépression : informer les futures mères et leurs familles sur les signes et les symptômes de la dépression périnatale pour une détection précoce.

4. Un mode de vie équilibré:

  • Exercice régulier : pratiquer une activité physique modérée, comme la marche ou le yoga prénatal,
  • Alimentation équilibrée : adopter une nutrition adéquate pour soutenir sa santé physique et mentale.
  • Sommeil adéquat : maintenir autant que possible des habitudes de sommeil régulières et des temps de repos, éviter les écrans avant de se coucher, ne pas boire de produits stimulants au coucher.

Le sommeil peut être perturbé pendant la grossesse, mais des troubles du sommeil importants peuvent troubler l’humeur et entrainer des symptômes dépressifs.

5. Gestion du stress :

  • Techniques de relaxation : la méditation, la respiration profonde et d’autres techniques de relaxation peuvent aider à réduire le stress.Les pratiques corporelles, une prise en charge par un ostéopathe spécialisée, un psychomotricien peut vous aider à mieux vivre vos changements corporels
  • Planification et organisation : la visite de la salle de naissance au cours des cours de préparation, préparer l’arrivée du bébé, organiser l’aide domestique au retour à la maison avec votre conjoint, la famille et votre entourage peuvent réduire les sentiments d’être débordée.

6. Soutien par un professionnel :

  • Consultations psychologiques ou psychiatriques en pré ou post natal dans les services de maternités ou sur les structures proches de votre domicile : pour les couple et futurs parents présentant des risques élevés ou des antécédents de dépression périnatale et autres difficultés ou problèmes de santé mentale, consulter un professionnel peut être crucial.
  • Soutien par les services de PMI : ceux-ci disposent de dispositifs pré et post-nataux pour soutenir les femmes enceintes et les familles en post partum , des sages femmes, des puericultrices et des psychologues et organisent des ateliers de soutien parentaux accessibles à tous
  • TISF
  • Médicaments : dans certains cas, et sous la supervision d’un médecin, des médicaments peuvent être prescrits pour traiter la dépression. Il existe des traitements compatibles avec la grossesse et l’allaitement. Lorsque les symptômes dépressifs sont présents et une soutien psychothérapeutique insuffisant, le traitement permet d’éviter les conséquences délétères pour la mère et le fœtus.

7. Communication ouverte :

  • Parler des préoccupations : les futurs parents doivent être encouragés à exprimer leurs peurs et préoccupations avec leurs partenaires, amis ou professionnels de la santé.
  • Discuter des attentes : avoir des conversations honnêtes sur les attentes concernant la parentalité peut aider à aligner les perceptions et à réduire les frustrations.
  • Préparer lors du projet de naissance les informations à transmettre à l’équipe de salle de naissance pour donner des indications nécessaires à un bon vécu de l’accouchement selon les besoins spécifiques de la femme enceinte et du coparent

"Instinct maternel", "seules

les mères sont touchées par

la dépression post-partum":

stop aux idées reçues !

Attendre un enfant avec impatience et amour ne signifie pas que l'annonce de la grossesse sera vécue comme la meilleure chose au monde. La dépression peut impacter n'importe qui. Elle est causée par une combinaison complexe de facteurs hormonaux, biologiques, environnementaux et psychologiques. La dépression périnatale touche 10% à 20% des femmes...

Devenir mère est un apprentissage et il est courant d’être déconnectée au début et incertaine dans les gestes. Une mère doit s’accorder une bonne dose de bienveillance et d’indulgence. Parfois, perdue dans un flot d’émotions, elle n’ose pas se confier. Or, en discutant, d’autres ressentent les mêmes sentiments.

La dépression n’est pas héréditaire. Avoir un parent qui a eu une dépression ne signifie pas que l’on aura une dépression à notre tour. Cela peut augmenter le risque mais il ne s’agit que d’un risque, pas d’une certitude. Beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte, comme le contexte de vie, l’entourage, l’histoire de chacun, notre gestion du stress, et les facteurs biologiques. Il est possible au contraire de n’avoir aucun parent sujet à la dépression et développer soi-même un état dépressif. La maladie peut toucher tout un chacun. L’important est d’en reconnaître les symptômes et de bénéficier de l’aide de son entourage, des soignants.

Un papa qui se met en retrait, un papa qui n’arrive pas à s’occuper de son bébé ou qui a des variations d’humeur importante peut également souffrir de dépression. Si ces signes sont repérés, il faut en parler, consulter. La dépression n’est pas réservée aux mères et peut très bien toucher le père, concomitamment à la mère ou non.

La dépression post partum peut toucher la mère et/ou le père à tout moment pendant l’année suivant la naissance. Il faut la distinguer du "baby blues", une période de légère tristesse pouvant être ressentie jusqu’au dixième jour suivant l’accouchement et qui disparaît rapidement

La dépression périnatale ne se manifeste pas de la même manière et avec la même intensité chez toutes les mères. Certaines continuent à très bien s’occuper de leur bébé, même si elles sont émotionnellement détachées ou submergées. D’autres vont se surinvestir, continueront à s’occuper de leur bébé en étant incapables de prendre une douche, ne pourront plus quitter leur lit, ou encore réaliseront tout cela sans parvenir à s’occuper de leur enfant.

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