Un facteur de risque : c’est quoi ?
Un facteur de risque est une caractéristique ou une condition qui augmente la probabilité de développer ou d’aggraver une difficulté ou une maladie. Il peut être de nature variée, incluant des aspects biologiques, comportementaux, environnementaux et/ou génétiques. Il n’implique pas nécessairement qu’une personne développera la maladie, mais il augmente la probabilité que cela survienne – exemple : tabac et certains types de cancer.
Cette liste représente les facteurs de risque les plus connus. Ce n’est pas parce qu’une personne présente un ou plusieurs facteurs de risques qu’elle sera forcément confrontée à une dépression périnatale ou à un autre problème de santé mentale. Cependant, ces facteurs en augmentent le risque de survenue et peuvent nécessiter une attention particulière et des interventions préventives. Cependant, dans plus de la moitié des cas, ces facteurs ne sont pas présents.
Cette liste étant non-exhaustive, n’hésitez pas à échanger avec votre médecin ou sage-femme sur d’autres situations si necessaireFacteurs de risque en amont du projet d’enfant
Certains facteurs de risques sont plus spécifiques à cette période et peuvent augmenter le stress et le risque de dépression. Ils peuvent concerner chacun des parents, qui seront cités sous le terme de « personne » pour faciliter la lecture.
1. Antécédents personnels et/ou familiaux au 1er degré (famille proche) de dépression ou des troubles anxieux par le passé
2. Age de la mère : moins de 20 ans et plus de 35 ans
3. Consommation de substances psychoactives et/ou addictives (Cannabis, alcool, antalgiques morphiniques etc…)
4. Facteurs socio-économiques : conditions économiques difficiles (précarité, faible revenu, chômage par exemple, etc..), perte brusque des ressources, ou un niveau d’études correspondant au collège.
5. Absence de soutien social et/ou sentiment de solitude et d’isolement de la part de l’entourage (partenaire, famille, amis, …), Migration, perte de repère culturel, ne pas bien connaître le système de santé français
6. Problèmes relationnels et conflits avec le co-parent ou l’entourage
7. Manque de repère parentaux : ne pas avoir été élevé par ses propres parents
Facteur de risques liés à la grossesse et la maternité
Les facteurs de risque de la dépression périnatale liés à la grossesse et à la maternité incluent divers aspects physiques, émotionnels et sociaux spécifiques à cette période de la vie. Les bouleversements anatomiques, physiologiques, hormonologiques et psychiques témoignent d’une période de transition vers la maternité entraînant de nombreux questionnements pouvant être source de stress ou d’anxiété.
1. Grossesse non planifiée ou non désirée
2. Perte de grossesse, décès néonatal lors d’une précédente grossesse
3. Complications médicales concernant la mère ou le fœtus pendant la grossesse : diabète gestationnel, menace d’accouchement prématuré, etc…
4. Accouchement vécu comme compliqué, difficile ou traumatique pour la mère et/ou le co-parent
5. Naissance prématurée, complications néonatales, hospitalisation néonatale, enfant présentant un handicap ou une malformation
6. Séparation mère-enfant
7. BB blues perdurant plus d’une semaine 8. Mise en place difficile de l’allaitement, allaitement vécu comme difficile
9. Sentiment de sommeil non récupérateur
10. Perception d’un manque de soutien ou d’un sentiment d’incompréhension en post partum
11. Vécu parental en décalage avec les attentes et besoins
12. Accompagnement par les soignants en décalage avec les besoins des parents
Ref :
Risk factors of perinatal depression in women: a systematic review and meta-analysis.Yang K, Wu J, Chen X. BMC Psychiatry. 2022 Jan 27;22(1):63
Identifying the women at risk of antenatal anxiety and depression: A systematic review. Biaggi A, Conroy S, Pawlby S, Pariante CM. J Affect Disord. 2016 Feb;191:62-77.
Disrespect during childbirth and postpartum mental health: a French cohort study. Leavy E, Cortet M, Huissoud C, Desplanches T, Sormani J, Viaux-Savelon S, Dupont C, Pichon S, Gaucher L. BMC Pregnancy Childbirth. 2023 Apr 12;23(1):241.
Postpartum blues: a predictor of postpartum depression, from the IGEDEPP Cohort. Landman A, Ngameni EG, Dubreucq M, Dubreucq J; IGEDEPP Groups; Tebeka S, Dubertret C. Eur Psychiatry. 2024 Apr 1;67(1):e30.
Et les conjoint.e.s dans tout ça ?
Des études récentes soulignent également l’impact de la dépression post-partum du père, estimée entre 8 et 10 % en France. Ces résultats ont conduit à élargir l’accompagnement de la mère à celui du coparent : les cliniciens et les chercheurs préfèrent désormais se concentrer sur la dépression parentale périnatale plutôt que sur la seule dépression post-partum. Mais les études portant sur les données collectées à la fois auprès de la mère et du coparent sont encore rares. La dépression périnatale du coparent est probablement sous-estimée du fait d’un dépistage imparfait. Des études récentes ont mis en évidence un lien entre l’accouchement vécu comme traumatique par l’un ou l’autre des parents sur le risque de survenue d’une dépression.
Quels moyens de prévention ?
NE PAS RESTER ISOLEE et OSER EN PARLER
La prévention de la dépression périnatale repose sur une combinaison comportant notamment du soutien social, des soins médicaux, des stratégies psychologiques et de gestion du mode de vie.
En combinant ces approches, il est possible de créer un environnement favorable et soutenant qui minimise les risques de dépression périnatale et autres difficultés
1. Concernant le Soutien social, il peut être proposé notamment de :
- Créer / mobiliser un réseau de soutien en impliquant la famille, les amis et le partenaire pour offrir un soutien émotionnel et pratique.
- Participer à des groupes de soutien en proposant de rejoindre des groupes de discussion pour les futures mères ou les nouvelles mères peut offrir un sentiment de communauté et de compréhension partagée.
- en postpartum, aller en LAEP (Lieu d’Accueil Enfants Parents)
2. Concernant les Soins médicaux et surveillance
- Contacter votre sage femme, même à distance de votre accouchement
- Réaliser un entretien prénatal précoce et des soins prénataux réguliers : assurer des visites régulières chez le médecin ou la sage-femme pour surveiller la santé physique et mentale.
- Évaluer le risque de dépression : les professionnels de la santé peuvent utiliser des questionnaires pour identifier les femmes à risque et intervenir précocement.
- Réaliser une consultation avec une consultante en lactation en cas de choix d’allaitement ou de réflexion sur le mode d’alimentation
- solliciter les professionnels psychiques de la maternité : psychologue, psychiatre, pédopsychiatre, même à distance de votre accouchement
- Aller voir les personnels de PMI de votre secteur
- Évaluer le risque de dépression : les professionnels de la santé peuvent utiliser des questionnaires pour identifier les femmes à risque et intervenir précocement.
3. Éducation, préparation et prévention:
Cours de préparation à la parentalité : participer à des cours pour apprendre à gérer les attentes et les défis de la maternité en couple ou en groupe
Si vous avez des addictions (tabac, médicaments, cannabis autres…) solliciter les sages-femmes d’addiction des maternités , les services de CSAPA qui accompagnent les mères et les co parents
Éducation sur les signes de la dépression : informer les futures mères et leurs familles sur les signes et les symptômes de la dépression périnatale pour une détection précoce.
4. Un mode de vie équilibré:
- Exercice régulier : pratiquer une activité physique modérée, comme la marche ou le yoga prénatal,
- Alimentation équilibrée : adopter une nutrition adéquate pour soutenir sa santé physique et mentale.
- Sommeil adéquat : maintenir autant que possible des habitudes de sommeil régulières et des temps de repos, éviter les écrans avant de se coucher, ne pas boire de produits stimulants au coucher. Le sommeil peut être perturbé pendant la grossesse, mais des troubles du sommeil importants peuvent troubler l’humeur et entrainer des symptômes dépressifs.
5. Gestion du stress
- Techniques de relaxation : la méditation, la respiration profonde et d’autres techniques de relaxation peuvent aider à réduire le stress. Les pratiques corporelles, une prise en charge par un ostéopathe spécialisée, un psychomotricien peut vous aider à mieux vivre vos changements corporels
- Planification et organisation : la visite de la salle de naissance au cours des cours de préparation, préparer l’arrivée du bébé, organiser l’aide domestique au retour à la maison avec votre conjoint, la famille et votre entourage peuvent réduire les sentiments d’être débordée.
6. Soutien par un professionnel :en santé mentale
- Consultations psychologiques ou psychiatriques en pré ou post natal dans les services de maternités ou sur les structures proches de votre domicile : pour les couple et futurs parents présentant des risques élevés ou des antécédents de dépression périnatale et autres difficultés ou problèmes de santé mentale, consulter un professionnel peut être crucial.
- Soutien par les services de PMI : ceux-ci disposent de dispositifs pré et post-nataux pour soutenir les femmes enceintes et les familles en post partum , des sages femmes, des puericultrices et des psychologues et organisent des ateliers de soutien parentaux accessibles à tous
- TISF
- Médicaments : dans certains cas, et sous la supervision d’un médecin, des médicaments peuvent être prescrits pour traiter la dépression. Il existe des traitements compatibles avec la grossesse et l’allaitement. Lorsque les symptômes dépressifs sont présents et une soutien psychothérapeutique insuffisant, le traitement permet d’éviter les conséquences délétères pour la mère et le fœtus.
7. Communication ouverte :
- Parler des préoccupations : les futurs parents doivent être encouragés à exprimer leurs peurs et préoccupations avec leurs partenaires, amis ou professionnels de la santé.
- Discuter des attentes : avoir des conversations honnêtes sur les attentes concernant la parentalité peut aider à aligner les perceptions et à réduire les frustrations.
- Préparer lors du projet de naissance les informations à transmettre à l’équipe de salle de naissance pour donner des indications nécessaires à un bon vécu de l’accouchement selon les besoins spécifiques de la femme enceinte et du coparent